Carole DI-SARIO, Directrice Supply Chain et Opérations se prête au jeu de l’interview Passion Supply Chain.
Interview Passion Supply Chain
Carole, on aimerait en savoir un peu plus sur vous, et votre poste de Directrice Supply Chain et Opérations
Je travaille dans la logistique et la supply chain depuis le début de ma carrière. Je ne dirai pas depuis quelle année, question de coquetterie !
J’ai évolué depuis plus d’une dizaine d’année sur des postes de management de la supply chain (responsable ou directrice). J’ai travaillé dans des organisations nationales comme internationales et sur des secteurs d’activité très divers. Notamment, les biens équipement électriques, la chimie lourde : « Il fallait me voir avec mon casque de chantier et mon masque de ski toute l’année ! », et les composants électroniques.
J’ai pris des postes qui nécessitaient de plus en plus de prise de recul, de hauteur de vue, de réflexion stratégique et une position de leader.
Comment avez-vous vécu ces 1ers mois de confinement en 2020, éloignée physiquement de vos clients et de vos équipes ?
En 2020, j’ai eu la chance de ne pas être totalement en télétravail. Vous le savez, l’activité logistique ne peut pas se faire en télétravail.
Une partie de mon équipe était donc en permanence sur site et je venais régulièrement moi aussi sur site, pour les soutenir. C’était une période stressante et compliquée pour eux. Le stress de la maladie, le stress de contaminer leur famille en l’attrapant au travail et le fait de se retrouver seuls sur site.
Concernant le reste des collaborateurs de la supply chain qui eux, étaient en télétravail, cela s’est plutôt bien passé. Il a cependant fallu mettre des freins car certains avaient tendance à ne pas compter leurs heures et donc, à ne pas s’arrêter du tout… Ce qui à mon avis n’est pas une bonne chose. Personnellement, j’avoue préférer être sur site au contact des collaborateurs, je trouve cela tellement plus convivial.
Carole, quel métier vous faisait rêver lorsque vous étiez enfant ?
Alors… quand j’étais enfant vous imaginez bien que je ne rêvais absolument pas de faire de la supply chain ! J’ai voulu être hôtesse de l’air quand j’étais gamine.
Puis en grandissant, je me suis passionnée pour l’histoire et je me suis dit : « Et pourquoi pas prof d’histoire » ? Mais d’un, je n’aimais pas trop la géographie, ce qui peut être gênant pour un prof d’histoire et de deux, je me connaissais assez pour savoir que je n’aurais pas eu la patience nécessaire pour faire face à une classe dissipée.
Finalement, je suis tombée dans la logistique par hasard ! De toutes les possibilités que j’avais, c’était le cursus qui démarrait le plus tardivement et me laissait le plus de vacances possibles ! Et j’ai vraiment accroché à la logistique d’abord, puis à la supply chain.
A quoi tiennent une carrière et une passion : c’est incroyable, non ?
Parlez-nous de votre parcours et de vos expériences professionnelles ?
Mon parcours professionnel s’est toujours déroulé dans le domaine de la logistique puis de la supply chain.
J’ai commencé ma vie professionnelle à la Française des Jeux dans l’activité maintenance. C’est là que j’ai appris mon métier sur des postes de technicienne gestion des stocks et les approvisionnements.
Puis j’ai évolué dans la gestion de projets informatiques, mais sur des applications supply chain dans une SSII. C’est là que j’ai appris le sens du service client.
Puis, j’ai enchainé sur des postes à responsabilité logistique, puis supply chain dans 3 sociétés différentes.
Quel a été le déclic ou l’expérience qui vous a amenée à vous intéresser à la Supply Chain ?
J’ai eu le déclic lors de ma première expérience en responsabilité logistique dans un grand groupe de biens d’équipements électriques à destination des professionnels.
J’ai réalisé que les activités logistiques étaient extrêmement liées aux activités d’approvisionnement et de planification, entre autres. Je me suis rendue compte qu’il serait beaucoup plus intéressant et efficace de pouvoir gérer ces activités ensemble. C’est ce qui m’a poussé à chercher à transformer le poste de responsable logistique en responsable supply chain. J’ai eu la chance d’être entendue par ma hiérarchie et de pouvoir créer ce nouveau poste. Et pour cela, j’ai repris mes études pour passer un M2 en Management de la supply chain.
Votre plus gros challenge ?
La reprise de mes études a été un gros challenge.
Je me suis retrouvée à nouveau sur les bancs de l’université avec des jeunes qui étaient dans leur cursus d’étude normal. Heureusement, nous étions un petit groupe de 5 dans le même cas, ouf ! On se sent moins seul !
Ça a été un challenge à plus d’un titre. Tout d’abord parce que notre cerveau n’est plus habitué à apprendre des leçons et à passer des examens. Il faut donc le « reformater ». Mais aussi, à cause du décalage entre les jeunes dans leurs études et les « vieux » comme on s’appelait entre nous, qui ont déjà un vécu professionnel.
C’est pourtant une période de remise en question que j’ai adorée. C’était stimulant et cela m’a permis de lier des amitiés qui durent encore.
Quel est votre meilleur souvenir ?
Mon meilleur souvenir professionnel est lié à la satisfaction d’un client.
Nous avions un client très important en volume et clé pour le développement de l’entreprise. Il était très insatisfait du niveau de service offert par la société. J’ai donc proposé un plan d’actions afin de redresser notamment le taux de livraison à la date demandée par le client. La supply chain s’est largement mobilisée et le client a été particulièrement suivi.
Le résultat a été très satisfaisant. Le client nous a envoyé un message indiquant qu’il était très satisfait de notre action. L’ensemble de l’équipe supply chain était ravie et moi aussi bien entendu !
Quelles sont les qualités essentielles pour exercer votre métier ?
A mon avis, un bon directeur supply chain doit être en mesure de prendre beaucoup de recul pour analyser les besoins réels des clients et proposer une stratégie adéquate dont il gèrera ensuite le déploiement. Dans le même temps, il ne faut pas totalement perdre de vue l’opérationnel qui est toujours soumis à des imprévus.
Il doit donc, même s’il se place dans un rôle de leader, rester proche des équipes et de leurs difficultés et ce même, s’il peut et surtout doit s’appuyer sur son équipe de managers.
Si vous pouviez décrire votre métier en une image ?
L’homme-orchestre (Rémy Bricka sur la photo). Il faut connaître et comprendre l’ensemble des activités de la supply chain.
Comme je le disais, on doit arriver à ne pas perdre de vue l’opérationnel tout en ayant une vision à long terme. Il faut également être en mesure de travailler avec l’ensemble des directions de l’entreprise et donc, comprendre un tant soit peu leur métier. D’où mon choix de l’homme-orchestre.
J’ai hésité aussi avec l’image d’un avion pour la prise de hauteur indispensable au métier de directrice supply chain.
Quelles sont les difficultés liées à la nature de votre métier ?
Une des difficultés du métier de direction supply chain est son aspect transverse.
La supply chain est bien souvent à la fois fournisseur et cliente des autres directions de l’entreprise. Il faut donc arriver à composer avec leurs contraintes et leurs besoins sans perdre de vue la performance et la qualité de service que doit offrir une supply chain. Ce n’est pas toujours évident.
J’ajouterai à cela la « tradition » qui veut que lorsque que quelque chose se passe mal, le responsable est bien souvent la supply chain… mais en cas de réussite, c’est rarement la supply chain qui est félicitée. Il faut donc vivre avec cela et surtout, arriver malgré tout à garder des équipes motivées.
Heureusement que parfois, les clients ne sont pas avares de félicitations !
Les enjeux de la Supply Chain sont passionnants. Si vous deviez convaincre des étudiants de s’intéresser aux métiers de la Supply Chain : que leurs diriez-vous ?
Que c’est un métier qui est très diversifié et en constante évolution. Les méthodes, les outils évoluent et apportent une capacité d’agilité et de facilité d’analyse accrues.
A cela s’ajoute le fait que des sujets nouveaux apparaissent régulièrement en supply chain. On l’a vu récemment avec le COVID et les impacts sur les supply chain qui doivent être repensées différemment.
C’est un métier dans lequel on ne s’ennuie jamais et qui peut apporter de grandes satisfactions lorsque l’on parvient à faire évoluer positivement la performance ou la qualité de service.
Les nouveaux enjeux de digitalisation de la supply chain et de réduction de l’empreinte carbone sont aussi des sujets passionnants.
Enfin, je dirais que le regard porté sur la supply chain évolue dans les entreprises. Ce qui était considéré comme facile, juste du « bon sens pratique » il n’y a pas si longtemps… « Si, si, je l’ai entendu », est maintenant enfin considéré comme un vrai métier, qui nécessite de vraies compétences.
Les entreprises sont désormais plus enclines à considérer que la supply chain peut leur apporter une réelle valeur ajoutée et qu’elle n’est plus uniquement là, pour livrer le client en étant seulement un centre de coûts.
C’est un message que je vais d’ailleurs essayer de passer très prochainement à des étudiants en MBA. Je vais en effet, assurer une série de cours sur la supply chain pour l’école TUNON à Marseille qui me donne cette opportunité de transmettre ma passion de ce métier.
Merci Carole, pour ce beau partage et la transmission de votre passion aux futurs acteurs de la Supply chain !
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