Bernard Milian, Managing Director Europe – Demand Driven Technologies se prête au jeu de l’interview Passion Supply Chain.
Interview Passion Supply Chain
Bernard, on aimerait en savoir un peu plus sur toi. Parle-nous de ton poste de Managing Director Europe chez Demand Driven Technologies
Je suis tombé dans la supply chain dès le début de ma carrière, en 1985. Mon premier manager chez Philips était un passionné de planification, de juste à temps, d’amélioration continue. Il m’a passé le virus et je n’ai pas réussi à m’ennuyer depuis…
Dans mon parcours, j’ai eu la chance de pratiquer des méthodes innovantes, alors qu’elles commençaient à être introduites. J’ai pu les expérimenter avec mes équipes – avec plus ou moins de succès – mais toute nouvelle approche permet de se remettre en question et de progresser. Je suis un « early adopter » curieux de nature, mais pragmatique.
Le fil rouge de mon parcours ? C’est la mise en œuvre de flux tirés, le développement de l’agilité dans les pratiques de planification et d’exécution. J’ai dû faire partie des premiers praticiens du kanban en France. Et j’ai essayé d’adapter ces techniques aux différentes entreprises dans lesquelles j’ai travaillé.
Toutefois, j’ai toujours rencontré des difficultés à réellement mettre en place un flux tiré de bout en bout. L’ une des raisons était que ce n’était pas facile à intégrer au système ERP de l’entreprise.
En 2014, j’ai été exposé à la méthodologie DDMRP et plus largement au modèle Demand Driven. J’ai rencontré des entreprises qui avaient mis en œuvre l’approche. Et ça m’a convaincu immédiatement – ça répondait à mon expérience opérationnelle.
Après 30 ans de responsabilités opérationnelles, je suis devenu consultant chez Agilea pour introduire DDMRP. Et jai accompagné des entreprises pionnières en France et en Europe.
Dès 2014 j’ai mené les projets avec Demand Driven Technologies (DDTech), éditeur de logiciel pionnier et leader mondial pour les méthodes Demand Driven. Compte tenu du développement de l’activité, DDTech m’a proposé début 2020 de créer sa filiale Europe. Ça m’a emballé : monter une startup à 58 ans c’était cool…
Comment as-tu vécu les 1ers mois de confinement en 2020, éloigné physiquement de tes collègues et de tes clients ?
Nous avons créé DDTech Europe en février 2020, juste avant confinement…
Nous avons eu la chance que plusieurs clients souhaitent poursuivre leurs projets malgré la période covid. Macopharma, Didactic, Straumann, Mettler Toledo ont déployé DDMRP très largement et même souvent 100% à distance.
Finalement avec le recul, ça nous a permis d’adapter les méthodes d’intervention et d’être plus efficaces. Un mix de travail sur site et à distance permet de mieux doser les interventions et de s’adapter à la vitesse des équipes projet du client.
Comment se porte Demand Driven Technologies et quelles sont ses perspectives en termes de Supply Chain ?
Nous nous portons très bien, avec une croissance de l’ordre de 40%, ces 3 dernières années.
Une toute nouvelle version de nos solutions dénommée Intuiflow, a été lancée cette année. Elle n’a pas d’équivalent sur le marché. Nous avons une base de clientèle fidèle et en croissance, avec laquelle nous avons des interactions de grande qualité. Pour enrichir nos solutions, nous avons plein d’idées et les moyens d’en assurer le développement.
Nous sommes convaincus que pour s’adapter au monde VUCA auquel nous faisons face, les entreprises ont besoin de solutions qui apportent de la visibilité et de la simplicité. Nous délivrons nos solutions dans ce sens. Ça va bien au-delà de la gestion de stock DDMRP. Il s’agit aussi de gérer les capacités et les contraintes à court et moyen terme, et d’outiller un S&OP centré sur l’adaptation aux changements à venir.
Faire ceci sans tomber dans l’écueil de la complexité et de l’effet boîte noire qui a fait échouer bien des projets d’APS, demande de repartir d’approches méthodologiques radicalement différentes. C’est passionnant !
Bernard, quel métier te faisait rêver lorsque tu étais enfant ?
Un métier artistique : metteur en scène de cinéma, ça aurait été mon rêve.
Bon, en supply chain, on orchestre des choses aussi. Et puis, on peut être créatifs au lieu de suivre des dogmes…
Parle-nous de ton parcours et de tes expériences professionnelles ?
J’ai passé une trentaine d’années dans l’industrie dans des rôles de responsabilité supply chain. Principalement dans des usines, pour de belles sociétés : Philips, Epéda, Valeo, Motorola, Cardinal Health, Sapa. Depuis 2014, je me consacre à l’accompagnement d’entreprises dans leurs projets Demand Driven.
Je ne suis pas un gestionnaire de temps de paix. J’ai besoin de transformer, de bâtir, de faire progresser des équipes.
Quel a été le déclic ou l’expérience qui t’a amené à t’intéresser à la Supply Chain ?
Mon premier manager, et plusieurs autres mentors au cours de ma carrière.
Les formations m’ont aussi aidé à explorer les facettes de cette discipline. Notamment APICS (CPIM, CIRM), Lean Six Sigma, Demand Driven Institute…
Ton plus gros challenge ?
Ouh là, il y en a eu beaucoup en 37 ans…
Quand tu es équipementier automobile de rang 1, que tu as en moyenne 3 jours de stock produits finis et que l’usine est en grève depuis une semaine ? On a réussi à ne pas arrêter un seul constructeur, mais c’était chaud…
Introduire DDMRP auprès d’entreprises alors qu’il n’y avait aucun exemple à faire visiter était aussi un joli challenge. Merci aux Peugeot Saveurs, Total Lubrifiants et autres Pierre Fabre Dermo Cosmétique qui se sont lancés dans ces conditions.
Quel est ton meilleur souvenir ?
Les bons souvenirs sont nombreux. Sur ces dernières années, ce qui est vraiment gratifiant c’est le retour de nos clients. Ce n’est pas si souvent qu’on met en place un système, que les utilisateurs en sont ravis et que les dirigeants témoignent de gains de performance significatifs. Ça donne du sens à notre action
Quelles sont les qualités essentielles pour exercer ton métier ?
De la curiosité, du sens critique, de l’empathie, savoir adopter une vue d’ensemble et partager une vision. Ah et il faut aussi être un peu geek…
Si tu pouvais décrire ton métier en une image ?
Hum – j’ai demandé un truc à DALL.E, c’est mon côté geek, mais euh… pas sûr.
Quelles sont les difficultés liées à la nature de ton métier ?
Je suis devenu de fait, vendeur de logiciel, et je suis donc légitimement perçu comme tel par des prospects. En fait, ce n’est pas du tout ma fibre et mon approche. Je suis un praticien. Je n’ai aucune envie de vendre quoi que ce soit si je ne suis pas convaincu que ça va apporter à l’entreprise. Il faut du temps pour construire la confiance avec de nouveaux contacts.
Les enjeux de la Supply Chain sont passionnants. Si tu devais convaincre des étudiants de s’intéresser aux métiers de la Supply Chain : que leurs dirais-tu ?
La supply chain est une des rares fonctions qui est complètement transversale dans l’entreprise. On y apprend beaucoup et on est aussi un contributeur essentiel à la performance et à la pérennité. Les sujets sont divers, ça bouge, ça demande du recul, du sens pratique et de la créativité.
Si vous êtes conformistes, n’y allez pas – choisissez plutôt la filière Qualité…
Merci d’avoir participé à l’interview Passion Supply Chain Bernard !
A propos de Demand Driven Technologies
Demand Driven Technologies fournit des solutions Supply Chain pilotées par la demande pour la planification des flux, la planification des opérations, l’ordonnancement et l’exécution. Notre solution logicielle a été la première à être conforme au Demand Driven MRP (DDMRP) et est aujourd’hui la plus largement déployée sur le marché.
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