Retour d’expérience sur l’exécution du processus S&OP : les secrets d’une responsable aguerrie

Pré­pa­rer une réunion S&OP « c’est comme faire son mar­ché » : il faut gla­ner tous les élé­ments néces­saires à la pré­pa­ra­tion d’une recette pour ensuite, pas­ser en cui­sine pour pré­pa­rer un bon petit plat.

Je m’ap­pelle Jeanne, j’ai été Res­pon­sable S&OP pen­dant de nom­breuses années au sein d’une entre­prise indus­trielle fran­çaise fami­liale. J’ai la cin­quan­taine et avec mes fidèles cahier et sty­lo rouge, je vous par­tage quelques leçons tirées de notre aven­ture S&OP, ponc­tuées d’anecdotes.

« Croyez-moi, le che­min de la mise en place du pro­ces­sus S&OP n’a pas été sans embûches, mais il a aus­si été agré­men­té de quelques anec­dotes savou­reuses. Alors accro­chez-vous, c’est par­ti pour un tour d’ho­ri­zon des meilleures pra­tiques pour un S&OP efficace ! »

Les 6 ingrédients essentiels au S&OP

Avant tout, pas de bonne recette sans de bons ingrédients.

Top view of fresh tomatoes, mushrooms, and greens on a slate board with knife.

Les situa­tions décrites du res­pon­sable de pro­duc­tion pro­viennent de son quo­ti­dien et sont inté­grées dans un hori­zon plu­tôt moyen terme, comme le Plan Direc­teur de Pro­duc­tion (PDP). Quant à la mora­li­té, elle met en lumière ses impacts sur le pro­ces­sus S&OP. Bien que ce lien puisse paraître abs­trait, il est essen­tiel de com­prendre que le S&OP dépend des infor­ma­tions ter­rain, telles que celles issues du PDP, et en retour, le S&OP influence cet hori­zon à moyen terme.

1. Prévisions de la demande

Situa­tion : Lors de la réunion S&OP de début de mois, le res­pon­sable de pro­duc­tion s’étonne : « Je ne com­prends pas pour­quoi nous n’avons pas anti­ci­pé le besoin en per­son­nel sur cette machine il y a trois mois. Main­te­nant, il faut que je trouve des inté­ri­maires de toute urgence. En plus, nous avons déjà eu ce cas le mois der­nier. J’avais alors pris du per­son­nel sup­plé­men­taire et au final, je n’avais pas suf­fi­sam­ment de tra­vail à leur donner »

Leçon : Même si par défi­ni­tion les pré­vi­sions sont fausses, il est pri­mor­dial d’avoir des pré­vi­sions réa­listes. La confiance entre le pré­vi­sion­niste et les com­mer­ciaux pour la demande, est essen­tielle. La révi­sion de ces pré­vi­sions avec un focus court terme, sou­vent ame­né par les com­mer­ciaux à la der­nière minute, vient dimi­nuer la qua­li­té de la pré­vi­sion de la demande (sauf bien sûr en cas d’évènements imprévus).

Mora­li­té : Il faut croire en ses équipes, même quand leurs pré­vi­sions peuvent res­sem­bler à celles de Madame Irma.

2. Données usine

Situa­tion : Rap­pe­lez-vous tout à l’heure, le res­pon­sable de pro­duc­tion se plai­gnait de ne pas avoir les bonnes quan­ti­tés pour pro­duire son OF. Il aurait aus­si pu se plaindre de ne pas être capable de pro­duire les quan­ti­tés deman­dées dans le temps imparti.

Leçon : Au-delà de prendre en compte les capa­ci­tés de pro­duc­tion par site ou la flexi­bi­li­té de l’appareil de pro­duc­tion, il est cru­cial de prendre en compte la marche dégra­dée (TRS, le taux de rebut réel, etc.) dans les capa­ci­tés. Cela signi­fie qu’il faut ajus­ter en rédui­sant la capa­ci­té ou en aug­men­tant la charge, lorsque le TRS ou le taux de rebut pris en compte dans le cal­cul des gammes n’est pas cohé­rent avec le terrain.

Le res­pon­sable S&OP doit être à l’écoute de tous les acteurs de la sup­ply chain et inter­pré­ter les infor­ma­tions col­lec­tées dans ses scé­na­rios afin d’ajuster ses plans de charge ou d’approvisionnement au plus près de la réalité.

Mora­li­té : Une éva­lua­tion réa­liste des capa­ci­tés de pro­duc­tion est essen­tielle pour une pla­ni­fi­ca­tion effi­cace. Sinon, c’est comme construire un entre­pôt sans tenir compte des fon­da­tions : on risque de se retrou­ver avec un édi­fice instable et des sur­prises désagréables.

3. Maintenance et R&D

Situa­tion : Le res­pon­sable pro­duc­tion est tou­jours cha­fouin : « Les gammes, nomen­cla­tures, TRS (Taux de Ren­de­ment Syn­thé­tique), taux de rebut ont été véri­fiés et je n’arrive tou­jours pas à pro­duire ce qui m’est deman­dé. Il y tou­jours quelque chose qui vient per­tur­ber ma pro­duc­tion : si ce n’est pas la main­te­nance, c’est la R&D qui a besoin de la machine pour un essai urgent. »

Leçon : Il a rai­son. C’est une don­née impor­tante à prendre en compte. La main­te­nance pré­ven­tive notam­ment, doit être Inté­grée dans le TRS stan­dard. Par contre, si le ser­vice main­te­nance pré­voit une inter­ven­tion sur une machine ou si le Dépar­te­ment recherche et déve­lop­pe­ment a besoin d’utiliser les outils de pro­duc­tion, alors ceci doit être inté­gré dans les don­nées S&OP.

Mora­li­té : La pla­ni­fi­ca­tion pré­cise des res­sources allouées à la main­te­nance et aux pro­jets R&D est cru­ciale pour évi­ter les per­tur­ba­tions en ate­lier de pro­duc­tion. Il est pré­fé­rable d’anticiper et d’évaluer les impacts des nou­veaux pro­duits et des actions d’entretien. Après tout, une machine qui ne fonc­tionne pas peut coû­ter bien plus cher qu’un bon plan de maintenance !

4. Achats et gestion des stocks

Situa­tion : Le res­pon­sable de pro­duc­tion encore une fois, se plaint de ne pas dis­po­ser des stocks néces­saires pour pro­duire son ordre de fabri­ca­tion. Par­fois, il y a bien du stock, mais il est mal loca­li­sé, ou sur un autre site.

Leçon : La ges­tion par inven­taire tour­nant peut être une solu­tion effi­cace pour garan­tir l’exac­ti­tude des niveaux de stock. De plus, dans un contexte mul­ti-sites, il est cru­cial de s’as­su­rer que les stocks sont cor­rec­te­ment posi­tion­nés. Il peut éga­le­ment arri­ver que les achats varient d’un site à l’autre, ou que les contrats soient dif­fé­rents selon les éta­blis­se­ments. D’où l’im­por­tance d’a­dap­ter les stra­té­gies d’a­chat en fonc­tion du scé­na­rio S&OP retenu.

Mora­li­té : Un stock pré­cis et bien loca­li­sé est essen­tiel. Sinon, vous ris­quez de finir avec des stocks de farine dans une usine qui ne fait que des jus de fruits.

5. Gestion des ressources humaines

Situa­tion : Notre res­pon­sable de pro­duc­tion a main­te­nant des machines, des matières pre­mières pour pro­duire, mais il lui manque du per­son­nel. Enfin, ce n’est pas tout à fait vrai car dans cer­tains sec­teurs, il en a trop et dans d’autres, pas assez. Sans comp­ter ceux qui sont malades ou en délé­ga­tions. Quelle galère pour l’organisation du travail !

Leçon : Et oui, il faut aus­si prendre en compte le fac­teur humain dans les cal­culs des scé­na­rios S&OP. La Direc­tion des Res­sources Humaines doit four­nir des infor­ma­tions pri­mor­diales rela­tives à la ges­tion du per­son­nel tels que les com­pé­tences (poly­va­lences) des sala­riés, le plan de for­ma­tion, le nombre d’in­té­ri­maires. Les indi­ca­teurs les plus com­muns et utiles sont ceux comme l’absentéisme, les heures de récu­pé­ra­tion, les jour­nées de for­ma­tion, en tenant aus­si compte des délé­gués syn­di­caux ou autres exer­cices de sécurité.

Mora­li­té : Avec un temps de tra­vail annua­li­sé, une bonne ges­tion des inté­ri­maires et des effec­tifs, c’est pos­sible. Parce que jon­gler avec les res­sources humaines, c’est un peu comme jon­gler avec des oranges : il faut du talent pour ne pas tout faire tomber.

6. Propreté des données

Situa­tion : Le res­pon­sable de pro­duc­tion se plaint qu’il n’a jamais les bonnes matières pour pro­duire son ordre de pro­duc­tion : soit les quan­ti­tés ne sont pas bonnes, soit ce ne sont pas les bons pro­duits. Le res­pon­sable des achats lui répond qu’il a bien appro­vi­sion­né les bons pro­duits dans les bonnes quan­ti­tés et qu’il se réfère sys­té­ma­ti­que­ment à la recette.

Leçon : Le nerf de la guerre pour faire un S&OP, ce n’est pas d’avoir les bonnes don­nées tech­niques : gammes, nomen­cla­tures ou encore capa­ci­té four­nis­seurs, niveaux d’inventaires doivent tous être exacts. 

Il est par­fois très dif­fi­cile d’ob­te­nir de « bonnes » don­nées à l’ho­ri­zon du S&OP. Cepen­dant, cela n’empêche pas de prendre de bonnes déci­sions. C’est dans l’é­vo­lu­tion des don­nées plus que dans leur jus­tesse que l’on doit se faire d’a­bord une « idée » long terme, puis de vali­der ou pas cette déci­sion, à la période de la prise de déci­sion.
Les don­nées sont impor­tantes, mais elles ne sont cri­tiques que dans un pro­ces­sus S&OP à che­val avec un hori­zon plus court terme : le MRP.

Un pou­let cur­ry pour­ra être très savou­reux, que l’on ait une petite ou un grande quan­ti­té d’é­pices. Cela dépend des goûts et ravie les papilles dans tout les cas !

Mora­li­té : Les don­nées de pro­duc­tion doivent être rigou­reu­se­ment sai­sies par tous les ser­vices. Même s’il est labo­rieux de véri­fier trois fois la même don­née : croyez-moi, tous les acteurs de la sup­ply chain vous remercieront.

Les 7 étapes clefs de la recette du S&OP

From above of blank clipboard with golden paper binder placed on linen tablecloth among tasty red tomatoes on branches together with cutted garlic and green parsley devoted for recipe or menu placement

1. Le rôle du responsable S&OP

Situa­tion : Et main­te­nant en cui­sine. Qu’allons-nous pro­po­ser au menu ce soir ? Avec tous les ingré­dients récol­tés, nous pou­vons faire des anti­pas­ti, un glou­bi-boul­ga, un gâteau. Mais pro­blème, nos invi­tés ne retien­dront qu’un seul d’entre eux.

Leçon : Le res­pon­sable S&OP doit com­pi­ler les don­nées four­nies par les dif­fé­rents ser­vices et pro­po­ser des solu­tions pour gérer au mieux les « sur » et « sous » capa­ci­tés en pro­po­sant dif­fé­rents scénarios.

Le res­pon­sable S&OP n’a pas de rôle de déci­sion­naire et n’est pas res­pon­sable de la mise en place des déci­sions prises lors de la réunion.

Mora­li­té : Le res­pon­sable S&OP est un chef d’orchestre (des don­nées), mais ce sont les autres acteurs de la Sup­ply Chain qui jouent la partition.

2. La réunion 

Situa­tion : Aujourd’­hui est un grand jour pour le res­pon­sable S&OP, qui s’ap­prête à pré­sen­ter le fruit de son tra­vail. Cepen­dant, les invi­tés ne semblent pas ras­su­rés quant au menu pro­po­sé par le chef et craignent de pas­ser toute l’a­près-midi à table.

Leçon : Pour être effi­cace, la réunion S&OP ne doit pas dépas­ser 1h00 à 1h30, selon la taille des uni­tés de pro­duc­tion. Les par­ti­ci­pants essen­tiels incluent les Direc­tions Géné­rale, Admi­nis­tra­tive et Finan­cière, ain­si que les repré­sen­tants des Res­sources Humaines, des Achats, de la Pro­duc­tion, de la Recherche & Déve­lop­pe­ment, de la Main­te­nance, du Com­mer­cial et de l’Administration des Ventes. Il est éga­le­ment judi­cieux d’in­clure les prévisionnistes.

Un élé­ment incon­tour­nable de cette réunion est un sup­port visuel avec des gra­phiques simples et lisibles, per­met­tant d’a­voir une vue d’en­semble claire et rapide, com­pré­hen­sible par tous les par­ti­ci­pants. Il n’est pas néces­saire de pré­sen­ter plu­sieurs scé­na­rios : l’ac­cent doit être mis sur les gou­lots d’é­tran­gle­ment. Ce sont pour ces gou­lots que des déci­sions impor­tantes devront être prises à l’is­sue de la réunion.

Mora­li­té : Une réunion concise, réunis­sant tous les par­ti­ci­pants clés et s’ap­puyant sur des sup­ports visuels clairs, est essen­tielle pour la réus­site du S&OP. Après tout, per­sonne n’a envie de pas­ser sa vie en réunion, n’est-ce pas ?

3. La gestion des aléas

Situa­tion : Le chef est en plein pré­pa­ra­tif de son menu, et oups plus de gaz ! Et les invi­tés arrivent dans 30 minutes.

Leçon : Les aléas sont le quo­ti­dien des sup­ply chain et de la vie des entre­prises. Qui n’a jamais ren­con­tré d’imprévus tels que les pannes machines, grèves, retard de livrai­son, etc.. ?

Mora­li­té : Afin de pou­voir y faire face, il est for­te­ment recom­man­dé de ne jamais char­ger les capa­ci­tés machines à plus de 80% … pour tenir compte des aléas. Après tout, Mur­phy était un optimiste.

4. L’adhésion au concept S&OP

Situa­tion : L’un des invi­tés s’interroge sur la pro­ve­nance des pro­duits pro­po­sés et demande les éti­quettes afin de véri­fier que les pro­duits uti­li­sés sont ceux annon­cés sur le menu.

Leçon : En plein dans la conduite du chan­ge­ment, l’adhésion de tous les par­ti­ci­pants au concept S&OP passe tout d’abord, par répondre à leurs inter­ro­ga­tions, et ana­ly­ser les écarts par rap­port à leur res­sen­ti. L’adhésion au concept S&OP mal­gré ces efforts pour­ra durer plu­sieurs mois.

Mora­li­té : Gagner l’adhé­sion des par­ti­ci­pants et ins­tau­rer la confiance dans le pro­ces­sus S&OP est cru­cial pour son suc­cès. Il est impé­ra­tif de prou­ver que les véri­fi­ca­tions ont été faites et qu’à par­tir de main­te­nant, les résul­tats des cal­culs S&OP sont aus­si indis­cu­tables qu’une recette de grand-mère. Par­fois, il faut jouer le rôle du psy­cho­logue : après tout, ces cal­culs ne mordent pas. Ils ne font que nous aider à évi­ter les faux pas, comme ser­vir des escar­gots à un végétarien !

5. La présentation des indicateurs collectés

Situa­tion : Pour être com­plet, le chef doit éta­blir le bilan calo­rique de ses plats en se basant sur les infor­ma­tions four­nies par ses four­nis­seurs. Mal­heu­reu­se­ment, les résul­tats ne sont pas à la hau­teur de ses attentes : il pen­sait avoir fait des choix judi­cieux en sélec­tion­nant des pro­duits de qua­li­té. En véri­fiant les fiches four­nis­seurs, il découvre qu’une des valeurs est expri­mée en kilo­joules plu­tôt qu’en kilo­ca­lo­ries. Il est donc contraint de refaire tous les calculs.

Leçon : La per­ti­nence des don­nées est éva­luée par chaque ser­vice de l’en­tre­prise à l’aide d’in­di­ca­teurs variés (comme la fia­bi­li­té des pré­vi­sions ou l’é­cart sur le TRS). Le pro­ces­sus S&OP s’ap­puie sur ces don­nées. Mais il faut gar­der à l’es­prit qu’il y a tou­jours une marge d’er­reur, car il est rare de trou­ver des indi­ca­teurs à 100 % tout le temps.

Mora­li­té : Les scé­na­rios pré­sen­tés ne valent que par la qua­li­té des don­nées que l’on a, en entrée. En d’autres termes, c’est comme en cui­sine : si les ingré­dients sont de mau­vaise qua­li­té, le plat ne sera pas un chef-d’œuvre, mais plu­tôt une expé­rience culi­naire à oublier rapidement !

6. Le suivi des décisions post-réunion

Situa­tion : Un com­mer­cial demande la capa­ci­té dis­po­nible sur un mois, reçoit une réponse, puis enre­gistre une com­mande dépas­sant cette capa­ci­té et se plaint du retard. « De com­bien est la capa­ci­té dis­po­nible sur le mois de juillet ? ». Réponse : « On a une capa­ci­té de 400 tonnes. » Plus tard, la com­mande enre­gis­trée par le com­mer­cial est de 800 tonnes. Il revient à la charge et demande : « Pour­quoi sommes-nous en retard sur cette commande ? »

Leçon : Si les déci­sions prises ne sont pas tenues et sui­vies par les par­ties pre­nantes, le pro­ces­sus S&OP devient inef­fi­cace. Un sui­vi rigou­reux des déci­sions est essen­tiel pour évi­ter les retards et les per­tur­ba­tions. Si déci­sions prises sont bien sui­vies, on com­prend qu’il est facile de rem­plir son car­net de com­mandes sans dégra­der les délais de livrai­sons pro­mis aux clients.

Mora­li­té : Le S&OP sert donc bien à iden­ti­fier des oppor­tu­ni­tés busi­ness et à capi­ta­li­ser des­sus. Sinon, on finit par cou­rir après les com­mandes comme un chat après sa queue.

7. Se poser les bonnes questions en réunion

Situa­tion : Bon. Main­te­nant que nous avons une ana­lyse de la situa­tion future, nous avons déci­dé que les pro­duits A seront fabri­qués à Lyon et que les pro­duits B seront pro­duits à Rouen. Pour cela, il nous faut recru­ter 10 inté­ri­maires sur les sites de Lyon et for­mer des maga­si­niers au poste d’emballage à Rouen. Alors, quelles actions devons-nous mettre en œuvre pour atteindre nos objec­tifs ? Qui fait quoi, quand et où ?

Leçon : Toutes les déci­sions prises lors des réunions S&OP doivent être tra­duites en un plan d’actions clair, avec des res­pon­sables dési­gnés et des délais pré­cis pour chaque tâche. Un sui­vi régu­lier des plans d’actions lors de réunions spé­ci­fiques par ser­vice, cou­plé à une rapide revue en début de réunion S&OP, per­met de gar­der tout le monde moti­vé et sur la bonne voie.

Mora­li­té : En sor­tant de la réunion S&OP, il reste encore beau­coup de pain sur la planche pour que le plan se déroule sans accrocs. Après tout, même le meilleur chef a besoin d’une bonne équipe en cui­sine pour évi­ter que la sauce brûle !

Les 3 ustensiles incontournables

A variety of kitchenware hanging in a rustic kitchen setting.

1. Les limites d’Excel

Situa­tion : Le chef a besoin d’ustensiles pour réa­li­ser ses recettes : un fouet, un cul de poule, un four, etc. Plus il y a de plats à pré­pa­rer, plus il lui faut de fouets, de cul de poules et d’es­pace en cui­sine. À ce rythme, il va même fal­loir envi­sa­ger de démé­na­ger dans une cui­sine digne d’un concours de Mas­ter Chef !

Leçon : Lors­qu’il y a un grand nombre de lignes de pro­duc­tion, de familles d’ar­ticles ou de sites de pro­duc­tion, le fichier Excel qui a ser­vi à construire notre pro­ces­sus S&OP devient rapi­de­ment aus­si encom­bré qu’une cui­sine après un grand repas. Il devient dif­fi­cile à main­te­nir, et encore plus à trans­mettre à un nou­veau col­la­bo­ra­teur. C’est pour­quoi un outil S&OP dédié est indis­pen­sable pour gérer effi­ca­ce­ment un volume de don­nées conséquent.

Mora­li­té : Il faut adap­ter la taille de la boîte à la chaus­sure ! En d’autres termes, si vous avez besoin de cui­si­ner pour une armée, mieux vaut inves­tir dans une cui­sine pro­fes­sion­nelle plu­tôt que de jon­gler avec une petite casserole !

2. L’engagement des sponsors et de la direction générale

Situa­tion : La vie de l’entreprise est faite de chan­ge­ments stra­té­giques pour agir et réagir dans l’environnement dans lequel elle évo­lue et faire face aux incer­ti­tudes du monde éco­no­mique. Dans notre cas, le Covid a était un exemple majeur de désorganisation.

Leçon : Bien sûr, le S&OP ne peut pas pré­dire tous les aléas. Mais il per­met d’atténuer cer­taines fluc­tua­tions et d’anticiper des situa­tions, avant qu’elles ne se trans­forment en crise.

Le sou­tien conti­nu et proac­tif de la direc­tion géné­rale est cru­cial pour la péren­ni­té du pro­ces­sus S&OP. Par ailleurs, le S&OP est un excellent moyen d’avoir une vision, certes approxi­ma­tive, mais pré­cieuse pour pilo­ter l’entreprise sur le long terme et suivre les budgets

Mora­li­té : C’est dans l’adversité que nous devons res­ter sou­dés der­rière le chef.

3. Alignement stratégique

Situa­tion : Les objec­tifs fixés par la direc­tion géné­rale lors des entre­tiens annuels peuvent par­fois entrer en contra­dic­tion avec ceux de cer­tains col­lègues. Par exemple, au sein de l’ADV, l’objectif peut être de livrer à l’heure avec la bonne quan­ti­té, tan­dis que pour un chef de pro­duc­tion, l’objectif est d’at­teindre un TRS proche de 100 %. D’un côté, l’ADV sou­haite satis­faire le maxi­mum de clients et de l’autre, le chef de pro­duc­tion cherche à mini­mi­ser les chan­ge­ments de pro­duc­tion. Cette dicho­to­mie peut créer des ten­sions et nuire à l’efficacité collective.

Leçon : Le S&OP a pour objec­tif d’ap­por­ter une visi­bi­li­té sur une période de 12 à 18 mois d’ac­ti­vi­té et doit être en phase avec la vision stra­té­gique de la direc­tion géné­rale. Il per­met à cha­cun d’atteindre ses objec­tifs indi­vi­duels tout en pré­ser­vant l’intérêt géné­ral. En favo­ri­sant la col­la­bo­ra­tion et en bri­sant les silos, le S&OP garan­tit que les efforts de cha­cun contri­buent à un but com­mun, plu­tôt qu’à des résul­tats isolés.

Mora­li­té : Si la vision stra­té­gique n’est pas clai­re­ment expo­sée, c’est comme navi­guer sans bous­sole : on finit par tour­ner en rond, cha­cun dans son coin, sans avan­cer ensemble vers le même objec­tif. Pour évi­ter cela, il est essen­tiel de s’as­su­rer que chaque membre de l’é­quipe com­prend com­ment ses objec­tifs s’in­tègrent dans la réus­site collective.

Conclusions de l’aventure

Delicious Asian dish with rice and vegetables on a dark backdrop.

Mon aven­ture S&OP est une illus­tra­tion de ce pro­ces­sus qui, bien qu’il puisse sem­bler com­plexe et même décou­ra­geant à pre­mière vue, peut être maî­tri­sé avec rigueur, patience, et… une bonne dose d’humour. Avec ces ingré­dients, il est pos­sible de trans­for­mer le chaos en har­mo­nie.

Ce qui compte le plus c’est la régu­la­ri­té dans l’exé­cu­tion du pro­ces­sus au delà de tout le reste. Tout comme la pra­tique d’un Chef qui s’a­mé­liore avec le temps et régu­la­ri­té de sa pratique.

Il est essen­tiel d’être à l’écoute de toutes les infor­ma­tions que l’on peut recueillir auprès des dif­fé­rents acteurs de l’entreprise. Chaque contri­bu­tion peut ser­vir à ajus­ter « l’assaisonnement » de notre pro­ces­sus, ren­dant ain­si nos déci­sions plus savou­reuses et pertinentes.

Les déci­sions prises lors de la réunion S&OP doivent éga­le­ment consti­tuer le socle du pro­ces­sus PDP. Il est cru­cial que ces déci­sions soient sui­vies rapi­de­ment d’actions concrètes, afin de garan­tir leur effi­ca­ci­té et leur mise en œuvre.

J’espère que ces anec­dotes et leçons vous seront utiles dans votre propre mise en place du S&OP. Et n’oubliez pas : le S&OP, c’est un peu comme pré­pa­rer un bon gâteau : il faut les bons ingré­dients, un timing par­fait, et sur­tout, une atten­tion par­ti­cu­lière aux détails pour que tout prenne forme !

Bonne chance à tous dans vos pro­ces­sus S&OP !